Un cas de sarcome pigmenté de la cornée / par J. Gonin.

Gonin, J.

Date:: [between 1897 and 1910?]

Catalogue details

Licence: Public Domain Mark

Credit: Un cas de sarcome pigmenté de la cornée / par J. Gonin. Source: Wellcome Collection.

9/12 (page 603)

de ces éléments mélaniques à la participation d’un des tissus naturelle¬ ment pigmentés ; que notre tumeur n’avait aucune relation avec l’irisr ni avec la région du corps ciliaire, ni avec la conjonctive. Faut-il en revanche attacher une certaine importance étiologique à la première intervention dont cette tumeur fut l’objet en août 1896? Des restes hémorrhagiques seraient-ils l’origine des taches noirâtres qui ont apparu à la suite de l’incision faite à cette époque-là? La chose n’était point impossible, et pour déterminer si nous étions en présence d’un “faux pigment”, c’est à dire de simples dépôts hémorrhagiques, nous avons soumis nos préparations aux réactions considérées comme révélatrices de ce faux pigment. La réaction par l’acide sulfurique concentré que Lagrange considère comme décisive, mais qui ne nous a pas toujours donné des résultats indiscutables, nous a dans le cas spécial démontré la résistance parfaite des granulations pigmentaires. Tandis que le corps de la cellule était entièrement détruit ou transformé en une gelée translucide et sans limites distinctes, les granulations gagnaient en netteté et surgissaient plus nombreuses que l’on aurait supposé. Ces granulations se montraient par amas ou par petites tramées. Le proto¬ plasma de certaines cellules en était gorgé : dans d’autres, on ne pouvait reconnaître qu’une coloration vaguement brunâtre ; c’était là, selon toute apparence, une pigmentation commençante qui devait avoir contribué à la coloration si intense des taches noirâtres que nous avons menti¬ onnées dans l’examen macroscopique. Les mêmes granulations pigmen¬ taires, traitées par le ferrocyanure de potasse ou le sulfure d’ammonium, ne nous ont aucunement donué les réactions caractéristiques de l’hémo- sidérine, et sans qu’il y ait là une raison péremptoire pour nier que leur origine soit hémorrhagique, nous pouvons constater tout au moins que cette origine n’a pu être démontrée par les moyens ordinaires. De la description qui précède, nous croyons donc pouvoir conclure de deux choses l’une : a) ou bien que des éléments mélaniques peuvent prendre naissance au sein même du tissu de la cornée, b) ou bien que du faux pigment, soit pigment hémorrhagique, peut acquérir tous les caractères du pigment mélanique sans qu’il soit possible î de l’en distinguer par les moyens usuels. L’une et autre de ces conclusions soulève des problèmes généraux i intéressants, et c’est ce qui nous a engagé à publier notre observation. Note. Notre rédaction et nos dessins étaient terminés quand nos yeux sont tombés sur un travail qui, bien que publié en décembre dernier par les „ Archives d’ophtalmologie” nous avait échappé jusqu’ici.1) 1) A propos d’une tumeur sarcomateuse du limbe sclero-cornéen, Archives d’ophtalmologie XII. 1897.